shawn ; aimez-moi, je vous aimerais. UC

« Maman, maman ! Regardes ce que j’ai trouvé ! »

Le petit Shawn, âge de cinq ans et haut comme trois pommes courut vers sa mère qui lisait tranquillement à l’ombre d’un arbre. Tout sourire, il arriva devant elle et lui tendit la magnifique rose qu’il avait arrachée dans le jardin des voisins. Ce n’était pas une chose à faire et sa mère lui avait maintes fois répétées tranquillement qu’il ne devait pas aller chez les voisins mais, elle ne lui dit rien et se contenta de prendre la fleur épineuse entre ses doigts. De toute façon, Shawn ne se faisait jamais gronder. Parfois, il avait le droit à des remarques mais, elles étaient toujours douces ou si peu menaçantes qu’il n’en tenait pas compte. Il avait cinq ans, ses parents le considérait comme un petit prince et il croyait pouvoir tout faire sans être puni.

La mère de Shawn porta alors la rose à son nez et renifla le parfum délicat avant d’esquisser un sourire. Elle tapota gentiment la tête de son fils, lui murmura un « merci » silencieux, posa la rose sur l’accoudoir et reprit la lecture. Le sourire du petit garçon s’élargit encore plus, même si sa mère semblait l’ignorer. Mais, c’était toujours ainsi. Car si Shawn était un prince, ses parents étaient forcément un roi et une reine. Et comme tout souverains, ils avaient des choses importantes à faire et ne pouvait pas être sur son dos tout le temps. C’est ainsi que l’enfant l’interprétait en tout cas même si il était évident qu’en réalité cela traduisait plus une envie de la part de ses parents qu’il apprenne à se débrouiller seul. Shawn avait déjà ses cinq ans mais ne parlait pas à personne, à part ses parents et sa dépendance vis à vis d’eux les inquiétaient.

Shawn repartit dans le jardin, se rendit devant la haie qui séparait le jardin des McFadden et des Jones et passa par un petit trou, à la recherche d’une autre fleur à arracher. Rendu dans le jardin des voisins, il courut vers le parterre de fleur aux couleurs vives. Il ne s’en aperçut qu’au dernier moment mais, un pied se dressa sur sa route pour lui faire un croche patte et le petit Shawn s’écrasa de tout son long dans la douce herbe. Ecorché légèrement aux mains et avec une forte douleur dans les genoux, Shawn se mit à pleurer. Et appela sa maman. Oui, à cinq, beaucoup faisait encore de choses mais, pour les parents McFadden cela montrait un nouveau signe de sa dépendance vis à vis d’eux et ils n’aimaient pas. Shawn pleura pendant une bonne minute puis se releva en position assise.

Les yeux humides, il regarda le fils des voisins, un petit garçon de sept ans qui le regardait d’un air supérieur. Shawn baissa lamentablement la tête. Véritable paria des autres enfants du quartier, il n’avait aucun ami et même les petites filles se moquaient de lui. Mais Shawn ne se rebellait pas et ne disait rien ; il courrait juste dans les jupes de sa mère quand tout devenait trop violent ou blessant.

« Je … je … vais retourner dans mon jardin. »

Véritable murmure pathétique que l’autre comprit. Shawn se leva donc et partit en direction da la haie, presque en courant mais trébuchant à cause de son mal de genoux. Il remarqua également que ses genoux étaient tachés à cet endroit mais ne s’inquiéta pas de la réaction de sa mère qui ne lui dirait probablement rien. Shawn avait honte de lui, quand bien même il n’avait que cinq ans. Il se savait Prince mais les autres l’ignoraient et il n’avait pas le courage de leur dire. Quand trouverait-il un royaume qui le considérerait à sa juste valeur ?

Evidemment, au fil des années, le comportement du petit Shawn changea. Si petit, la magie était pour lui quelque chose de naturel et qui n’avait rien d’exceptionnel, il se fascina pour elle par la suite. Et, ses parents étant tout deux sorciers – bien que ses grands parents paternels soient des moldus et fassent de Shawn un sang mêlé – le petit garçon apprit bien vite les bases de la magie. Evidemment, parce que c’était interdit par la loi, Shawn n’avait pas le droit de jeter des sortilèges ou de faire un acte de magie par lui même. Mais, ses parents lui apprirent beaucoup de théorie et lui firent pratiquer des potions. Mais, vu qu’il n’était encore qu’un enfant, Shawn ne réussit quasiment aucune potion.

Les gamins du quartier s’amusait de moins en moins à s’en prendre à lui, trouvant d’autres occupations. Ainsi, Shawn pouvait maintenant se balader dans la rue et croiser des enfants de son âge sans que rien ne se passe. Et, il prit confiance en lui petit à petit, de manière très lente mais régulière.

Devenant un petit garçon fier et ayant énormément confiance en lui, il réussit étrangement à devenir la « star » au sein des enfants du quartier. Tous ces gamins stupides qui se moquaient de lui lorsqu’il était plus jeune l’apprécièrent énormément. Tout le monde l’aimait et cherchait à passer du temps avec lui et ce brusque revirement de situation étonna Shawn. Au départ, il en fut légèrement gêné bien qu’il ne laissa rien paraître puisque les autres enfants l’appréciaient justement à cause de cette confiance en lui inébranlable qui se caractérisa très vite par de la prétention et de l’arrogance. Mais, à force de traîner avec ces gamins, Shawn devint également quelqu’un de très sociable et amical. Quand un nouveau débarquait dans le quartier, c’était Shawn qui allait l’accueillir et le présenter aux autres. Parfois même, il allait voir les enfants des autres quartiers pour les recruter parmi ses rangs, dans la guerre stupide inter-quartier que se menait les gamins.

Ravis que leur fils parvienne à se débrouiller seul et même à aider les autres, ses parents se montrèrent beaucoup plus attentifs à lui. Ironique surtout que Shawn aurait justement préféré qu’ils continuent à essayer de le pousser au dehors et à sortir seul. Sa mère particulièrement s’inquiétait pour lui mais, il parvenait toujours à la rassurer. Shawn avait à peine sept ans quand il dit un jour à sa mère :

« T’inquiètes pas maman, je suis un homme, un vrai ! Je peux me débrouiller tout seul et faire attention à toi en même temps, et à tout les autres. »

Ces paroles firent rire sa mère sur le coup mais, au bout du compte, elle finit par le lâcher grâce à ces quelques mots. Même si sa première phrase était fausse, la deuxième était cependant vraie. Il était capable de se débrouiller seul et elle le savait parfaitement. Son petit garçon devenait un homme, très lentement mais sûrement.

Amusé par les autres enfants et les amusant surtout, il adorait provoquer leurs éclats de rire. Aussi, il n’hésitait pas à se rendre ridicule ou faire n’importe quoi pour déclencher les rires de ses camarades de jeux. Ce côté joueur en entraîna un malin puisque au fil du temps, Shawn devait ruser pour ne pas répéter ses mêmes blagues qui seraient devenus lourdes à force. En plus, il adorait également faire des farces aux autres. Ses cibles préférées étaient les adultes. Mais, ses farces ne le rendaient jamais voyous. Il se contentait d’œuf jetés, de seau d’eau renversés sur le perron ou même d’animaux tels que des vers de terre enfermés dans une boîte à chaussures et laissés devant la porte. Arrivé à ses huit ans, Shawn eut donc le comportement et le caractère qu’il garderait tout sa vie, sauf évènement très perturbant.