C'est l'incertitude qui nous charme. Tout devient merveilleux dans la brume. {Cassian}

Le froid impénétrable et glacé pénétrait doucement mais sûrement dans la pièce, s’infiltrant dans chaque cellule, chaque parcelle de corps découverte. Cassian les yeux levés au plafond, sentait son nez se durcir et se geler doucement. Il le frotta énergiquement avant de se lever, il n’avait plus de patience à rester ainsi éveillé en attendant que les autres élèves daignent de sortir de leur monde onirique. Il s’habilla en tenue moldue et enfila un veston militaire, vert kaki qui malgré sa taille trop grande pour le jeune homme lui seyait à merveille. Il sortit du dortoir à pas de loups, sortit de sa salle commune pour rejoindre l’air vrai matinal. Il avait besoin de respirer de l’air pur, toutes ces odeurs l’étouffaient. Depuis sa transformation, il avait un odorat plus sensibles et cela l’agaçait fortement de sentir les autres aussi bien qu’un loup.

Dehors, tout s’était figé, une mince couche de verglas recouvrait l’herbe du parc, le chemin en terre était glissant à cause des particules d’eau qui étaient devenues liquides. Cassian regarda autour de lui. Le paysage était désolé, comme s’il avait été figé en pleine ébullition, ses opales parcoururent l’ensemble, même le lac semblait mort, gelé, pour toujours. La détresse qu’amenait de ce paysage fit frissonner le jeune homme, il remarqua a travers la brousse la l’étanche et transparente verrière des serres, le jeune homme ne tarda pas à se décider et rebroussa chemin pour se réfugier dans ce mur de verdures. Il poussa la porte, et fut surpris par la chaleur qui y régnait. Il le flaira avant de l’avoir réellement aperçut. Pivotant sur ses pieds, son regard froid et distant se posa sur le jeune homme qui avait l’air autant interloqué que lui-même de trouver une âme qui vive à cette heure matinale de la journée. Le jeune homme avait les mains ancrées dans le radiateur, comme s’il cherchait à absorber le quelque peu de chaleur que l’objet pouvait diffuser. Cassian était d’humeur joyeuse et joueuse aujourd’hui, quand son regard croisa le regard du jeune Serpentard, il comprit. Maintes fois il avait vu ce regard et
l’avait tout bonnement ignoré, croyant se faire des idées, mais lorsqu’on est attiré par les personnes du même sexe, on décèle facilement le signe dans le regard. Cassian lui jeta un regard appréciateur mais discret au jeune homme encore resté silencieux. Il s’approcha du radiateur et se posa non loin du jeune homme, adossé contre la machine à chaleur, il ferma ses yeux, laissant ses paupières cacher son regard mystérieux et distant, froid et rageant.

Cassian : Qu’est-ce qui t’amènes aussi tôt ?

Il n’y allait pas par quatre chemins, le vouvoiement était bon pour les étrangers que l’on ne connaissait pas et qui n’étaient pas des étudiants car aucun jeune n’était dupe, le langage n’y changeait rien, on pouvait être poli mais directs entre jeunes gens on préférait la ligne droite aux lieu de tourner autour du pot. Ils ne faisaient que discuter et alors ...?

[Je n'ai pas fait mieux ... ]

Ils se retrouvèrent face à face, le Serpentard était sûrement venu fermer la porte qu’il crut ouverte, Cassian lui sourit perfidement, il était, comme je l’ai dis, d’humeur joyeuse et pourquoi pas un peu perverse. Puisque dans ses trippes tout le tirait vers la perfidie et la perversité, ce besoin constant de combler quelque chose, cas qui s’était aggravé après le départ d’Elliot, personne, qu’il me doit de rappeler qui a été en réalité, quittée par Cassian lui-même. Le blondinet jeta un regard rapide sur le jeune homme se trouvant face à lui, il ne lui était pas inconnu, sa silhouette avait déjà croisée celle de Cassian mais tous les deux s’étaient évités et tout bonnement ignorés sans ce rendre compte quel effet l’un faisait sur l’autre. Cassian se dirigea vers le radiateur et réchauffa son dos, il sentait sou cou lisse et blanc qui rougissait au fur et à mesure qu’il était en contact agréable avec le métal chaud. Cassian ferme les yeux et laissa son esprit se bercer dans cette douce matinée silencieuse par la chaleur de l’engin électrique et la présence de l’autre. Ce dernier, d’ailleurs, se leva pour s’éloigner –ou pas- de Cassian, il dut se mélanger au rideau de verdure, regardant chaque spécimen de loin, il devait se faufiler entre les tables doucement, assouvissant sa curiosité en termes botanique. Cassian soupira, tout ça c’était des conneries, les plantes c’est bon à mettre en pot et à offrir, à décorer mais non pas à étudier. Le Rouge et or entendit les pas de l’autre s’éloignant, tenterait-il se partir sans même dire au revoir ? Aurait-il peur du jeune homme, les lèvres du jeune homme s’étirèrent dans un exquis sourire, qui laissa apparaître une petite rangée de ses dents blanches et ordonnées. Si le Serpy’ le craignait, il ne savait pas à quel point Cassian était un danger pour lui.

Pour en revenir à la botanique, Cassian se frotta le poignet et sentit sa chair se contracter aux endroits où la saleté de plante l’avait mordu la veille, par simple plaisir ou mourrait-elle réellement de faim ? Tout cela ne l’intéressait guère, si son Professeur ne l’avait pas menacé de le coller plusieurs soirs de Quidditch, il aurait sûrement pulvérisé la plante carnivore.


L’autre se dédaigna de lui répondre. Cassian grimaça, rien ? Pourquoi se levait-il aussi tôt dans ce cas, pourquoi avoir quitté son confortable lit aux draps couleurs de sa maison pour sortir dans une matinée aussi glaciale qui le refroidissait et engourdissait les membres ? Il eut le malheur de lui retourner la question, Cassian ouvrit un œil mais le jeune homme était occupé à regarder une plante. Il le referma de si tôt et répliqua :

« Tu as de la chance que la Botaniste – ainsi appelait-il son affreux Professeur de Botanique- l’ait nourrie hier avec une poignée de chair animale, sinon il t’aurait croquer tout cru. »

*Comme je m’apprêtes à le faire mon petit gars * ne put-il s’empêcher de répondre. Il se tut un instant et respirant un bon coup il répondit réellement à la question du Serpentard.

Cassian: « Sûrement pour te rencontrer… »

Cassian enfouit sa tête dans ses bras pour ne pas que l’autre voie sa mine amusée, écorchée vive par le sourire torride qui l’envahissait, il aimait parfois jouer aux rentre de-dans qui déstabilisent les autres, mais également, il détachait sa nuque rosée maintenant par la chaleur, pour ne pas brûler sa peau sensible et blanche.

Il resta ainsi quelques minutes, puis il se leva et pris un corridor parallèle à celui où s’était enfoncé le jeune homme, il marchait avec une lenteur mesurée, tandis qu’il chantonnait une chanson.

« 1, 2, 3, j'irai dans les bois
4, 5, 6, cueillir des cerises
7, 8 ,9, dans un panier neuf
10, 11, 12, elles seront toutes rouges »

Terminant sa comptine de la maternelle, il passa sa tête dans le passage où se trouvait le beau jeune homme, blond mais pas de la couleur des blés. Sa chevelure à lui était plutôt ambrée et cuivrée que des blées et dorée comme la sienne. Il disparut de la vue de l’autre et dit tout haut :

Cassian: Peut-être ai-je eu raison ?...Peut-être pas.. ? Il s’interrompit et s’arrêta également sur place pour entendre sa respiration et qui sait celle de l’autre garçon, n’entendant rien qu’un froissement de plantes, il continua sur sa lancée : « Ai-je eu raison ? »

Il se tut et un sourire amusé anima son visage, c’était tordant sa manière d’aborder le Serpentard. Il reprit sa marche dans la serre, il commença le jeu du chat et de la souris, qui aurait l’autre en premier ? C’est le lion contre la souris… cependant on n’était point chez La Fontaine mais dans la réalité.

Le mur végétal avait beau les séparer, les distancer, les éloigner l’un de l’autre on sentait ce lien fort et puissant qui était l’attirance simplement physique et non pas psychologique et amoureuse entre les deux protagonistes, qui émanaient de deux maisons rivales, deux maisons qui ne pouvaient plus se voir en peinture, deux maisons qui ne supporteraient pas que leurs rangs soient tâchés par une alliance entre deux personnes des deux mondes divergeant. Ce qui était agaçant, c’était bien le fait qu’une attirance physique est comme un atome lourd: instable et insaisissable, qui ne pouvait être attrapé ou bien rendu moins dangereux, il planait narquoisement au-dessus de vous, faisant selon sa volonté et vous faisant plier à la sienne au péril de faire tout exploser. Le désir, ardant et dangereux qui pouvait bien amener des affections, lier deux êtres totalement opposés ou bien les séparer à jamais. Jouer avec le désir, c’était jouer au poker : soit on bluff soit on a une bonne main, mais tout réside dans le hasard des choses, même si le joueur peut prétendre être le maître du jeu, en réalité ce sont les cartes et la simple et formelle Fortune qui était maîtresse des lieux.
Une explosion, de joie intense, de plaisir refoulé depuis trop loin, la tentation se tenant à une courte distance de vous vous envoûtant grâce à son chant de sirène. On ne peut refuser, on ne peut pas l’oublier et se rendre sourd. Deux choix s’imposent à vous : soit la fuite, seul élément de défense contre un si intense appât soit céder à tentation et se laisser bercer par ses délectables courants, tentant de garder à chaque instant ce goût exquis qu’elle vous apporte.

Cassian était d’humeur folâtre, il voulait tenter de nouvelles expériences, de nouveaux moyens d’aborder quelqu’un, de le tenter, de le narguer. Il palpait les défenses du jeune Serpentard – qui selon toute apparence- n’étaient point importantes, avant de se dérober et revenir l’asticoter de nouveau. Tel un danseur ou bien un concerto de Vivaldi les decrescendos sont toujours suivis des crescendos. Il se voulait exubérant avec une pointe de malice, il se voulait franc suivi d’un cynisme. Il se moquait ouvertement de Azriel, voilà ! Il avait retrouvé le nom qui lui échappait jusqu’à ce moment, pour provoquer chez le garçon une quelconque réaction, pour se heurter ensuite à sa personne pour que sa douce bouche vienne chatouiller la sienne et que sa langue aille explorer les tréfonds du jeune homme.
Les bruits de ses pas étaient étouffés par l’enceinte végétale de chaque allée, néanmoins, Cassian le fleurait et savait à quel moment et à quelle rangée le vert et argent se cachait. Il se rapprochait, son odeur sucrée mélangée à une autre odeur indéfinissable se renforçait peu à peu, Cassian s’arrêta tournant résolument le dos à l’entrée par laquelle se dirigeait le garçon. Immobile comme une statue, il entendait désormais les pas du jeune homme derrière lui, à peine un effleurement sur le sol, sa démarche semblait féline, la netteté de l’odeur ne devient que plus frappante quand les mots de sa bouche découlèrent pour ruisseler sur la nuque, ainsi exposée, de Cassian. Une main baladeuse vint délicatement mais fermement se peloter sur sa taille, ses hanches, sa peau, lui.

Pris au piège le blondinet par un Serpent qui n’avait pas mis beaucoup de temps à poser son leurre et emprisonner le Gryffindor. Cassian sourit amusé, il aurait été tellement simple de briser cette prison, de se libérer, de retrouver la liberté. Malgré cela, il aimait sentir la présence de ce corps dénudé d’excès de chair, ce corps frêle l’attirait, cette bouche pulpeuse et rouge était comme un présent du Paradis, cette chevelure ambrée le fascinait. Il le voulait tout de suite et maintenant. En réalité, le jeune homme avait été charmé depuis que ses prunelles dénudées de sentiments s’étaient posées sur cet être qui recherchait un peu de chaleur. Il allait lui en donner de la chaleur tiens !
Tout du moins, il n’était pas le seul à désirer, il s’était transformé en objet désirable pour le jeune garçon des Serpentard, sa langue se perdit sur les contours de la mâchoire du blondinet, Cassian haussa un sourcil amusé, un fin sourire s’étira sur ses lèvres. Il ne voulait pas qu’ils aillent trop vite. En effet, Cassian prenait le malin plaisir d’étirer les passions jusqu’aux abords du déraisonnable. Il se tourna brusquement, brisant sa prison, ses mains se posèrent automatiquement sur les hanches de son camarade de jeu, son regard flamboyant et amusé, rencontra le sien, par un simple regard il lui fit comprendre tout ce qu’il souhaitait. L’esprit détraqué et pervers de Cassian s’était estompé, le cerveau ne connaissait plus de Raison, la conscience, envolée ou enfermée loin de là où le cœur frémissait aux touchers. De sa main droite, Cassian avec douceur et lenteur fit descendre le manteau du Serpentard, ses doigts habiles claquaient tandis que les boutons s’ouvraient, ah Sésam, son regard accrocheur, se ancra dans les opales azuréennes et fascinantes du jeune homme par leur couleur mythique mais également le brin de mystère et froideur qui y régnaient. Ses mains firent glisser le manteau qui ne tarda pas à s’écraser sur le sol. Cassian plissa légèrement les yeux, puis brisant ce contact de regard son nez piqua en direction du cou d’Azriel, il en humecta en premier lieu son bas et puis remonta doucement mais sûrement vers la mâchoire et ensuite l’oreille du jeune homme. Sa voix lui parut plus rauque que l’habitude :

« Hum… ça ne tiens pas qu’à moi on dirait… »

Puis ses mains quittèrent ses hanches, se perdant en-dessous du tissu du tee-shirt du jeune homme et remontèrent ave douceur et fébrilité son dos, sa caressant peau à l’aide du bout de ses doigts, il se mit à dessiner des formes imaginaires pour rendre le contact agréable, parfois il augmentait la pression de ses doigts, il remarqua avec un sourire amusé que chacun de ses gestes faisaient élever un frisson un soupir de contentement. Le jeune blond aurait-il trouvé son Talon d’Achille ? Les apparences ne démontraient pas le contraire, tandis que ses mains dessinaient des esquisses artistiques sont souffle chaud se baladait sur le cou du jeune homme, ses lèvres déposaient de simples baiser qui remontaient vers cette bouche tentatrice par sa force et texture. Enfin Cassian lui baisa la commissure des lèvres. Quand je vous disais qu’il aimait étirer les passions jusqu’aux falaises du difficilement supportable, je ne riais pas.