Don't Leave Me Alone. || Narcisse.

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" Ce que l'on fait pour nous disparaît avec nous.
Ce que l'on fait pour les autres et le monde restera immortel. "
(Albert Pine)

Aliénor était assise sur son lit, face à la seule fenêtre qui occupait le mur de sa chambre. La tête baisée, elle regardait attentivement ses pieds, comme s’ils avaient un quelconque intérêt. Sans eux, elle ne pourrait marcher, certes, mais cela s’arrêtait là et durant ces quelques minutes qui la séparait de son départ, ils ne l’intéressaient pas plus que ça. La jeune Danoise était prête depuis un bon quart d’heure, elle n’attendait plus que son frère, plus soucieux qu’elle sur son apparence pour ce premier jour. Les cris fusaient dans son dos, pendant qu’elle, elle ne faisait rien d’autre que contempler ses pieds. Finalement arriva le signal de son père, la prévenant du départ imminent de la famille en direction de la gare de King’s Cross. La jeune fille enfila ses bottes et descendit sa valise jusque dans l’allée pour la mettre dans le coffre de la voiture. Une fois ceci fait, sans aucun recours à la magie pour ne pas effrayer les passants, mais avant tout son père, elle ouvrit la portière avant et pénétra à l’intérieur du véhicule. Le voyage, mis à part la surexcitation de Jesper, fut calme. La gare de Londres fut atteinte en un temps record, étrangement, il n’y avait pas énormément de circulation aujourd’hui. Arrivée à destination, Ali’ sortit de la voiture de son père et en ouvrit le coffre pour récupérer ses affaires. Sans un mot elle se dirigeait vers le hall quand son père la rappela à l’ordre.

« Il me semble que tu oublies quelque chose ma belle. »
« Papa, j’t’en prie, j’ai plus 11 ans, j’ai passé l’âge de te faire un bisous .»
« Je ne parlais pas de ça, mais de ton chat. »

Aliénor leva les yeux au ciel, comment avait-elle pu oublier celui qui lui tenait compagnie depuis le début ? Elle s’approcha de la voiture une nouvelle fois et attrapa son chat alors que celui-ci s’apprêtait à lui sauter dessus. Il n’était pas très gros alors il se logea sur son épaule et s’y endormit profondément avant que les deux enfants Sørensen n’ait atteint le quai n°9. M. Sørensen les suivait de près. Ce serait la deuxième année où il se retrouverait seul et il n’avait pas l’intention de laisser sa progéniture le quitter sans un dernier au revoir. Ali’ avait horreur de ce moment, elle pouvait être plus que chaleureuse envers beaucoup de monde, mais la plupart du temps, elle trouvait que son père exagérait un peu. Après tout, ils se reverraient d’ici un mois et demi, alors pourquoi se serrer dans les bras si fort ? Mais comme d’habitude, elle ne put y échapper, et l’étreinte en fut d’autant plus gênante lorsqu’elle aperçut deux de ses camarades la pointer du doigt et glousser derrière leurs écharpes. Avec un sourire forcé, elle tapota l’épaule de son paternel et s’arracha à l’étau que formait ses bras. Elle acquiesça à ses recommandations concernant son petit frère puis lui adressa un dernier signe de main lorsqu’ils traversèrent le mur les séparant de la voie 9 ¾.

Une fois de l’autre côté, et pour son plus grand bonheur, son jeune frère retrouva ses camarades et partit se chercher un compartiment libre. Aliénor souffla de soulagement et entreprit elle aussi de chercher un endroit où passer le voyage. Laissant sa valise, presque à contre-cœur, sur le quai, elle monta dans le premier wagon à sa portée et entreprit de déambuler dans le couloir à la recherche d’une place libre. Ali’ passa devant énormément de compartiments, croisant des gens qu’elle connaissait, des premières années tout excités et des gens qu’elle ne portait pas dans son cœur. Par chance, elle finit par s’en trouver un libre et se précipita dedans pour s’installer et attendre qu’on le remplisse… Ou pas. Aliénor attrapa doucement son chat, qu’elle posa sur la tablette fixée en-dessous de la fenêtre de son compartiment et le regardait dormir paisiblement tandis qu’elle se remémorait les souvenirs de son été passé au Danemark. La température était clémente, mais la chaleur n’était pas au rendez-vous. Ces amies lui avaient tous communiqué leur projets de vacances, et quand l’une d’elles avait mentionné les Caraïbes, Ali’ avait été sur le point de lui sauter à la gorge et de l’étrangler en un rien de temps. Les réactions de la jeune fille étaient démesurées en ce moment, surtout celles concernant différentes choses qu’elle ne possédait pas contrairement à ses camarades. Elle était légèrement perdue et ne savait pas sur quel compte mettre ceci. Ce n’est pas grave, elle en parlerait avec quelqu’un et trouvera un terrain d’entente pour s’expliquer le pourquoi du comment avant que ça ne lui monte trop à la tête. La Bleue et Argent n’avait pas fait de choses productives durant ses vacances si ce n’est lire encore et toujours. Elle en avait pris l’habitude et continuait de dévorer des livres par tous les temps, ensoleillés comme pluvieux.

Aliénor cligna des yeux pour se sortir de sa rêverie et se redressa contre le dossier très peu confortable. Ce n’est qu’à ce moment là qu’elle se rendit compte de l’erreur monumentale qu’elle venait de commettre : aucun livre à sa portée pour se divertir durant le voyage et personne ne semblait rentrer dans son compartiment auquel cas elle aurait pu discuter un peu. Son lecteur de musique était également enfoui quelque part sous ses vêtements. De désespoir, elle était prête à se frapper la tête contre la fenêtre, mais se retint lorsqu’elle vit passer la gentille dame avec son chariot de confiseries. Son regard s’arrêta longtemps sur celui-ci, l’argent, il était dans une de ses poches, elle ne l’avait pas oublié, mais finalement, elle fit signe qu’elle n’avait besoin de rien. La gourmandise est un vilain défaut non ? Lentement, elle reposa ses yeux sur l’extérieur du train et regardait les gens qui se pressaient pour ne pas rater le train qui n’allait plus trop tarder à partir…

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« Narcisse, un jour, tu oublieras ta tête! »

« Par Merlin, je crève la dalle moi! »

« Alli d'amooooooour! »

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« L'imagination est plus importante que la connaissance,
Car la connaissance est limitée...
Tandis que l'imagination engendre le monde entier »
Einstein

Sa tête reposait contre la vitre légèrement opaque. Cette dernière s’ébranla lorsque le train se mit finalement en route ce qui poussa Aliénor à retirer sa tête de la glace ou elle risquerait une migraine. Sa main se porta machinalement à ses cheveux qu’elle replaça doucement, comme pour économiser chacun de ses gestes afin qu’ils lui durent la plus grande partie du trajet. Malheureusement elle savait bien que ce simple mouvement ne la tiendrait pas en haleine jusqu’à l’école, mais l’espoir fait vivre non ? Elle s’apprêtait à se replonger dans sa contemplation du paysage lorsqu’elle entendit la porte du compartiment s’ouvrir. Ne voulant même pas savoir qui avait briser son désir de rester seule, elle se refusa à tourner la tête pour épargner la vie de cette personne. Mais la réaction subtile de cette dernière l’obligea à se retourner pour lui lancer une réplique cinglante pour qu’il comprenne qu’il la dérangeait :

« Par Merlin, je crève la dalle moi! »

Ali poussa un long soupir de désespoir et de compassion, destiné à ses parents quand la nouvelle du décès de leur progéniture leur reviendra. Mais quand elle se rendit compte de la personne en question, elle n’eut qu’une seule réaction, peut être démesurée pour certains, mais tout à fait habituelle pour la jeune fille.

« Mon Narcissouuuuuuuuuuuuu »

La Bleue et Argent se leva d’une traite et sauta dans les bras de son ami. Il en avait l’habitude et elle aussi. Les deux jeunes Serdaigles se connaissaient depuis un bout de temps maintenant, et leur relation avait toujours été un peu ambiguë. Ils passaient leur temps l’un dans les bras de l’autre, à rire et se moquer des autres, légèrement « coincés ». Aux yeux de plusieurs personnes, ils sortaient ensemble, mais tout le monde était courant de la romance entre Aliénor et Maxence, qui n’est d’ailleurs qu’une couverture, mais ça personne n’est au courant. Et puis, il n’y a pas qu’elle, Narcisse est réputé pour être un garçon très volage donc finalement, on se doute qu’ils ne sont pas ensemble. Aliénor est une personne très tactile, elle est aussi démonstrative, surtout en ce qui concerne son affection pour certaine personne. Ce qui explique certaine de ses attitudes plutôt radicales face à ses amis. Mais eux, savent à quoi se tenir une fois qu’ils sont devenus un peu plus proches. Bref, là n’est pas la question, revenons au moment présent. Le bonheur la submergeant tel une vague par temps venteux sur les plages de l’Ouest de la France, elle se recula légèrement du corps de son ami, sans pour autant relâché son étreinte. Elle lui fit un baiser passionné, sur la joue, et plongea ses mains dans les cheveux lisses et noir du jeune homme. Ali’ était si heureuse de le retrouver qu’elle ne voulait plus le lâcher à présent. Sa jalousie reprenant le dessus, elle n’accepterait pas, ou difficilement du moins, qu’il ai une petite amie sur le long terme. Bien qu’il n’y ai jamais rien eu entre eux, elle appréciait le fait qu’il la traite différemment des autres filles avec qui il avait l’habitude de coucher. Un virage un peu trop brusque les fit tomber tous les deux sur l’un des bancs qui bordait les murs du compartiment. Un éclat de rire émana de celui-ci, ce qui attira inévitablement l’attention sur eux. Peu importe, le fait d’avoir une dizaine de regards braqués sur eux ne les dérangeaient aucunement. Ali’ reprit doucement son souffle et ancra ses yeux bleus dans ceux de son ami. D’une voix sincère et dénuée d’ironie elle prononça ces quelques mots :

« Tu m’as manqué durant les vacances. »

Ses joues rosirent sous l’effet de l’embarras, elle enleva précautionneusement ses bras qu’elle replaça chastement le long de son buste. Elle aurait aimé détourner les yeux mais elle ne voulait pas qu’il croit qu’elle mentait. Ali’ savait que Narcisse l’interpréterai ainsi et elle ne supporterait pas de lui en donner l’occasion. Alors elle se contenta de baisser la tête, ses cheveux de jais venant recouvrir ses joues rougit par… Ce sentiment d’avoir bien fait, mais redoutant quand même les conséquences. Contrairement à la jeune fille, Narcisse était moins chaleureux, il hésitait plus lorsqu’elle venait vers lui pour le prendre dans ses bras. Elle le mettait mal à l’aise, mais elle aimait ça d’un côté. Cela prouvait qu’il y avait encore une toute petite part d’humanité en lui, et qu’il pouvait encore être atteint par des choses aussi simple que de l’amitié.