we're all going to hell, and i'm drivin' the bus; ( Yoshi

Les couloirs étaient froids et relativement silencieux, bercés dans cette faible luminosité matinale. Une très légère brise provenant de la grande porte d’entrée ouverte rafraîchissait davantage les lieux. Au dehors, les nuages s’emparaient du ciel et une brume épaisse envahissait tous les alentours, jusqu’à l’atrium du château. Il devait être aux alentours de six heures, et presque personne encore ne s’était levé. Seuls quelques élèves se rendaient à la grande salle, l’air morose et endormi. Lucjan en sortait, lui. Il était vêtu d’un jean gris usé et particulièrement troué aux genoux, aux deux extrémités, et sur les cuisses, d’un fin chandail noir au large col laissant dévoiler sa gorge ainsi que de sa cape de sorcier nonchalamment posée sur ses épaules.

Une pomme délicieusement rouge à la main, il passait la porte principale de la grande salle et prenait le couloir qui l’amènerait au dehors, dans l’atrium. Il resserra légèrement l’épaisse écharpe noire en laine qui entourait son cou alors que la morsure du froid se faisait d’hors et déjà sentir et marchait silencieusement sur les dalles grisâtres qui parsemaient le sol, les cheveux portés par la légère brise glacée, les lèvres déjà gercées, les yeux soulignés de cernes prononcées et la démarche lente. Il croqua dans sa pomme. Le bruit résonna longuement dans l’imposant couloir. Déjà, il sortait un paquet de sa poche et portait une cigarette à ses lèvres pour l’allumer, entre deux bouchées. Les matinées étaient généralement pénibles pour le gryffondor, et s’il était de notoriété publique qu’il ne soit pas d’une gentillesse extrême, il n’y avait définitivement rien d’humain au Lucjan de six heure du matin. Voilà ce qui expliquait certainement le fait qu’il ne déjeune pas en présence d’autres élèves. Son antipathie atteignait son paroxysme en ces heures matinales, généralement précédées de longues nuit blanches. Et alors qu’il apercevait déjà la grande porte et les lumières pâles de l’extérieur, d’autres pas provenant d’un couloir juxtaposé se firent entendre. Lucjan ne retint pas un soupire, et tira longtemps sur la cigarette qu’il venait d’allumer..

Tu fumes si tôt le matin... Lucjan... Cette voix. Sa voix. Il ne la connaissait que trop bien. S’il devait être une personne en ce monde pour laquelle Lucjan puisse un jour ressentir une once de sympathie aurait définitivement été ce serpentard. Il avait, par le passé, particulièrement ressenti de la sympathie pour son corps.. Et cela avait été le seul lien qui unissait les deux jeunes hommes, comme il les unissait à d’autres.. Pour certaines raisons, leur relation à eux était à part entière, bien que ne présentant aucune différence notables avec celles qu’ils entretenaient en parallèle. Elle était bercée d’une étrangeté singulière, d’inexplicables mystères. Ils se connaissaient, se parlaient parfois.. Et l’ont ne notait pourtant aucune différence avec leur comportement habituel, à chacun.
Le manque de nicotine t'aurait-il fait tomber du lit ? Lucjan retira la cigarette d’entre ses lèvres, inspira un instant, puis expira une fumée blanchâtre dont les volutes se firent doucement balayer par la brise qui traversait froidement le couloir. Lucjan ne s’était pas arrêté, malgré l’intervention du beau serpentard. Il avait croqué dans sa pomme, à nouveau, puis avait poursuivit son chemin en accordant à peine un regard au jeune homme. Une voix particulièrement masculine, sombre, très légèrement enrouée et relativement âpre s’adressa pourtant à l’intervenant. Rien ni personne n’aurait été en mesure de contrer les sarcasmes du jeune homme lors d’un matin comme celui-ci, et rien ni personne n’aurait été en mesure de modérer sa mauvaise humeur.

- …. J’suis plutôt occupé là, Seward. J’peux t’ignorer une autre fois ?

Il n’était définitivement pas d’un naturel à adresser de ces avenants et charmants sourire lorsqu’il croisait une connaissance à six heures du matin – ni plus ni moins le reste de la journée . Car il ne leur accordait pas plus d’importance qu’à un paquet de cigarettes vide. Il aurait, peut-être, en temps normal, accordé l’une de ses petites phrases désagréables et cyniques au jeune homme, de manière à être le parfait enfoiré dés la moindre occasion. Il avait cette fois, pourtant, simplement ignoré le jeune homme et semblait trop espérer qu’il ne le suive pas.. ce qui était loin d’être dans ses habitudes. Et ainsi passait-il déjà la porte qui menait au dehors et s’asseyait sur la pierre glacée du petit escalier. Une serdaigle de première année, déjà présente à l’extérieur, s’approcha du Gryffondor. Lucjan coinça la cigarette entre ses lèvres. « est-ce que.. ». La pomme dans la main gauche et la baguette dans la main droite, il avait lancé un dentesaugmento sur la jeune fille avant qu’elle ne puisse finir sa phrase. Il la laissa passer à coté de lui et rentrer dans le château en courant dans un soupire. Sa cigarette resta placée entre ses lèvres gercées, alors qu’il observait sa baguette avec indifférence.. Un léger vent froid soufflait et s’engouffrait sous sa cape largement ouverte. La fumée qu’il expirait balayait son visage, et les pleurs de la jeune fille s’évanouissaient peu à peu..

Il savait que le serpentard l’avait suivi. Il s’en était douté à l’instant même, quoique bref, pendant lequel il avait croisé son petit regard espiègle. Il y aurait vu une trop belle occasion pour la laisser passer.. Et Lucjan, de son coté, attendait l’arrivé du jeune homme, sa cigarette toujours coincée entre ses lèvres, d’un coté, la fumée blanchâtre et opaque s’évadant de l’autre. Les pleurs de la jeune fille s’éloignaient, puis s’évanouissaient doucement, bientôt remplacés par les pas du trouble-matinée. La pauvre... Quel sans coeur es-tu !!! Lucjan le vit s’installer à ses cotés, sur les marches de pierre grise. Il ne répondit rien à ses mots, ne lui adressa aucun regard. Il fixait indifféremment la baguette qu’il tenait du bout des doigts et balançait de gauche à droite avec lassitude. Les mots du jeune homme assis à ses cotés étaient inutiles, il n’y avait rien à y répondre. Soudainement le vent se leva, balayant plus largement les cheveux et capes des deux jeunes gens. Le froid envahissait leurs visages, et endolorissait leurs mains. Celle, terriblement pâle, de Lucjan dirigea la baguette vers le jeune homme puis la plaça juste sous son menton. Le geste fut accompagné d’un regard à la fois venimeux et envoûtant.. comme à l’accoutumée. Tu ne veux pas me raconter pourquoi tu es de mauvaise humeur ? Le Gryffondor le fixa intensément quelques instants, le temps que son camarade lui conte lui-même ses mésaventures matinales. Il laissa échapper un long et profond soupire à peine le récit achevé.

- Cette idée de le laisser dormir avec toi, aussi.. T’es aussi naïf qu’eux. C’est pitoyable. Comme d’hab’ ..

Il lui avait presque coupé la parole – quoique l’histoire en elle-même fut finie – mais avait néanmoins parfaitement entendu les mots qui avaient suivi sa réaction. Alors Lucjan, puis-je faire quelque chose pour que tu te décoinces le cul ? Il n’y avait rien d’étonnant à la façon dont il s’exprimait. Le blond avait cette même nonchalance dans les mots, la même façon de saisir la moindre opportunité pour être provocant et sans-gêne au possible. Il ne sembla pourtant pas réagir particulièrement à l’attitude du garçon assis à ses cotés, étrangement. L’habitude aurait imposé une petite réplique cynique, un sarcasme perçant.. mais il n’y avait rien de tout cela – ou tout du moins, rien d’aussi blessant qu’à l’accoutumée. La seule chose qui s’échappait des lèvres de Lucjan était la fumée de cigarette qu’il expirait régulièrement. Il quitta son regard, puis observa un instant la baguette qu’il pressait légèrement contre la gorge de son vis-à-vis. Il soupira à nouveau, puis abaissa sa baguette. Sa froideur, son détachement, son cynisme, sa façon de faire impitoyablement souffrir ceux qui croisait son chemin, de quelque manière que ce soit.. On l’avait plusieurs fois comparé à un Serpentard. Plusieurs Gryffondor le rejetaient pour son attitude trop contradictoire avec sa maison.. D’autres se persuadaient qu’il y avait une raison à sa présence chez les rouge et or et qu’il y avait inexorablement du bon en lui. Tissus de conneries, selon ucjan. Il préférait ne pas même se poser la question. Il croqua discrètement dans la pomme d’un rouge parfait, qu’il tenait entre ses doigts fins. Il répondit, tardivement, à la dernière question du Serpentard.

- Tu serais pas foutu de lever le tiens d’ici.. J’ai bien peur que non.