Je cherchais un morceau de toi, et je t'ai retrouvé tout entier. | Pv Mid'

« Où vas-tu Mia ? »

Milenia répondit avec son regard. Elle leva d’abord les sourcils puis les redescendit subitement, puis elle fixa son interlocuteur un court instant avec de grands yeux. Aucun doute, son message était passé, car la personne lui sourit avant de se rendormir. Milenia put reprendre son chemin vers un endroit qu’elle ignorait encore. Elle irait là où ses jambes l’emèneraient. Elle se serait retrouvée dans une toilette que cela ne l’aurait guère étonné. Cela lui arrivait assez fréquemment de quitter son dortoir pour aller dans un endroit quelconque. C’était l'adrénaline de faire quelque chose d’interdit. C’était une façon de se retrouver seule pour réfléchir, pour se remettre en question. Une façon de replonger, pendant une nuit, dans le passé. Une sorte de thérapie. D’ailleurs, avec elle, Milenia emportait toujours son petit journal intime et un crayon. Au cas où si l’envie d’écrire lui prenait. Ou de relire ses pensées d’autrefois. Cela engendrait, à chaque fois, les larmes. Mais elles lui étaient indispensable pour continuer à avancer la tête droite. Elle devait se rappeler ses premières pensées lorsqu’elle l’avait rencontré pour pouvoir se regarder une glace. Simplement parce qu’elle ne voulait pas l’oublier. Elle avait déjà oublier la couleur de ses yeux, de ses cheveux, et l’effet que lui donnait son sourire d’ange. Or, elle ne voulait plus oublier. C’était les derniers fils qui lui permettaient de rester « en contact » mental avec lui.

Lorsqu’elle s’arrêta, Milenia lança un regard circulaire à la pièce où elle se trouvait. Il faisait très sombre. Seul un éclat argenté venant des grandes fenêtres permettait à Milenia de voir où elle marchait. Elle marcha en direction des fenêtres et lança un regard vers la terre qui se trouvait à plusieurs mètres en-dessous d’elle. Elle découvrit alors qu’elle se trouvait dans une des tours du château. Laquelle, elle n’aurait su le dire, et cela importait peu. Ensuite, elle regarda vers le ciel et sourit en découvrant la lune dans toute sa splendeur. Elle était parfaitement ronde, et très visible. Des étoiles décoraient également l’immense et mystérieuse étendue de l’univers. Cela lui offrait un pittoresque paysage dont elle ne se lassait pas. Son regard se perdit rapidement dans cet immense étendue. La ligne d’horizon, au loin, était parfaitement visible en dépit de la longueur qu’elle représentait. Cette nuit était dégagée plus que jamais. Une larme glissa lentement le long de sa joue. Ses jambes avaient décidément bien choisi l’endroit. Elle et Midnight se retrouvaient souvent, la nuit, pour discuter et observer les étoiles. Elle sentait presque son souffle contre sa joue, sa main contre la sienne. Elle l’imaginait à son côté, silencieux comme une tombe, mais dont la simple présence la réconfortait plus que n’importe qui d’autre. Elle essaya d’imaginer sa voix lui glisser des paroles douces à l’oreilles, mais ne put. Elle en avait oublié le son. Ses lèvres se pincèrent, empêchant d’échapper un petit cri de détresse. Elle regrettait tellement d’avoir voulu, à un certain moment, l’oublier complètement. Heureusement que sa raison s’était réveillée juste à temps…

Milenia regarda son montre. Minuit. Ce qui, instantanément, lui fit repenser à lui. Elle soupira. Tout, ici, ce rapportait à lui. Le souvenir de Midnight lui était douloureux. Et alors que les larmes lui coulaient un peu trop à son gout, elle prit la décision d’arrêter cette thérapie nocturne pour aujourd’hui. Elle reprit sa grande contemplation des astres, dans le simple intérêt de ne plus penser à lui. Mais cette fois, chaque petite étoile formaient des tâches lumineuses floues dans l’œil mouillé de Milenia. Quant à la lune, elle représentait une grosse tâche jaune plus ovale que ronde. A l’aide d’un coup de manche, Melenia se sécha les yeux, renifla un coup et balaya ce passage de faiblesse. A présent, elle comptait les étoiles. C’était une tâche certes idiote, mais occupante et difficile. Et si elle pouvait lui faire oublier les raisons qui l’avaient fait monter dans cet endroit, elle en valait la peine. Elle était accrochée à la fenêtre, et rien n’aurait pu la déconcentrer- de sa grande mission. Rien, sauf peut-être…

Milenia ne sentit pas tout de suite son journal intime lui glisser entre les doigts. A vrai dire, elle l’avait presque oublié. Elle ne le tenait plus que par son index et son pousse. Et encore, ceux-ci déserraient peu à peur leur entrainte. Millimètres par millimètres, le petit carnet des souvenirs échappaient à la prise futile de son auteur. Et bientôt, il tomba dans le vide, attirer comme un aimant par le sol.

« NON ! »

Milenia cria, et son cri sembla se perdre dans l’immensité qui s’ouvrait à elle. Pendant un court instant, elle se pencha plus que jamais par la grande ouverture pour aller rechercher la dernière chose, la dernière trace écrite qui lui restait de Midnight. Elle préférait se retrouver dans sa tombe avec lui plutôt que de vivre sans. Il était la dernière chose qui lui restait de lui, et elle ne pouvait s’arrêter à l’idée de le perdre aussi piteusement qu’elle venait de le faire. Cependant, il existait un moyen surement plus intelligent de le récupérer sans se fracasser les côtes. C’est donc les yeux pleins de larmes que Mia se redressa, affolée, et commença à courir dans les escaliers, se dirigeant de plus en plus vite vers le grand hall. Là, elle sortirait dans le par cet chercherait, jusqu’au petit jour s’il le fallait, après son journal intime. Oui, elle le retrouverait. Il le fallait.

Milenia sautait d’escalier en escalier sans faire attention au vacarme qu’elle causait. Elle courait telle une possédée, comme si son journal intime aurait pu disparaître à tout moment. « Calme-toi, calme-toi, il n’y a pas le feu au lac » se forca-t-elle à penser, sans pour autant freiner sa course folle. Ces petites crises d’angoisse lui arrivait plutôt fréquemment depuis qu’il était parti. La dernière ne remontait d’ailleurs que d’il y avait quelques jours. Elle avait pris les couloirs et les escaliers comme un grand labyrinthe et avait couru dans tout le château comme elle le faisait en ce moment, jusqu’à ce qu’une douce mélodie lui parvienne. Malheureusement, cette nuit, cette mélodie ne résonna pas pour la calmer. Certes, mais autre chose l’arrêta. Un peu plus... Brutalement que la mélodie de Lys l’avait fait. En effet, Milenia avait bourré dans quelque chose, ou quelqu’un, elle n’aurait su le dire juste après. Elle s’était écroulée sur le sol, penaude, les larmes lui coulant encore à flot, mais cette fois autant pour la douleur morale que physique. Un horrible mal de tête l’assaillit tout entière. Elle resta couchée sur le sol en sanglot et ne fit pas attention tout de suite à la personne qu’elle avait percutée.

« Tout espoir m’avait quitté depuis déjà bien longtemps. Du moins, c’est ce que je croyais. Mais pourquoi me raccrocherais-je à lui, bien que ce ne soit qu’en pensée, si je n’avais plus un seul espoir ? Et en effet, je savais très bien, au fond de moi, que j’espérais encore et toujours de la revoir un jour. De le retrouver, de le serrer contre moi, comme avant. De nos retrouvailles, j’en avais rêvé bien des fois. Et je dois dire qu’aucun d’eux ne s’étaient passés de cette façon… »

Sous ses yeux rougis par les larmes, Milenia ne vit qu’une forme floue devant elle. La personne semblait lui offrir sa main pour l’aider à la relever. Surement qu’à la vue de ses larmes, elle se sentait gênée de lui avoir fait du mal. Pendant un court instant, Mia s’en voulu d’infliger cette culpabilité à cette personne, qui que ce soit. Si elle savait qu’elle n’était en fait aucunement la cause de ses larmes… Du moins, c’est ce qu’elle croyait. Jamais elle ne se serait douté qu’en réalité, cette personne floue devant elle était bien la cause de son état de détresse. D’ailleurs, que quelqu’un la voit dans cet état la désolait. Elle s’était refusé depuis longtemps de montrer ses faiblesses devant les autres. Et son orgueil y était pour quelque chose. Milenia essaya tant bien que mal de cacher ses larmes derrière le filet long et fin de ses cheveux. La personne finirait bien par partir ! Elle se relèverait alors et reprendrait sa course en direction du parc, puis commencerait ses recherches. Cette pensée suffit à faire monter l’impatience et la colère en elle.

« C’est bon, je vais bien. »

Siffla-t-elle entre deux sanglots. Sa voix aurait pu paraitre sèche si elle n’était pas secouée par des tremblements de douleur et de colère. Elle n’était même pas certaine que la personne l’ait entendu, et cela l’importait peu, de toute manière. Tant qu’elle partait, qu’elle la laissait dans sa tristesse, faisait comme si de rien n’était. Pourtant, ce n’est pas ce qu’elle fit. Milenia se maudit. La chance n’était pas avec elle, cette nuit. Elle aurait bien mieux fait de rester dans sa chambre, au chaud. Sur tout Hogwart, il avait fallut qu’elle tombât sur le seul être généreux et sentimental. Quelle foutaise !

« Excusez-moi je...je ne regardais pas ou... »

Aussitôt, la jeune gryffondor se raidit. Cette voix… Elle lui était tellement… Familière ? Non. Certainement la trouvait-elle simplement douce, à son gout. Quoi qu’il en soit, comme si elle avait été poussée par une force inconnue, Milenia accepta l’aide de cette personne. Prenant sa main, elle se releva avec peine. Ses yeux encore trop flous et remplis de larmes l’empêchèrent de voir le garçon – elle l’avait deviné au son de sa voix – avec précision. Pourtant, ce n’était pas difficile de deviner son étonnement. Etait-ce quelqu’un qu’elle connaissait ? Son ennemi, peut-être, qui remarquait l’erreur qu’il avait fait en aidant une minable gryffondor, une minable sang-de-bourbre. Tout en se séchant les yeux, elle s’exclama alors :

« C’est quoi ton pro … »

Arrêt subit. Une fois ses yeux secs, Milenia vit le jeune garçon avec netteté. Le couloir n’était que faiblement éclairé. Une simple lampe torche et les éclats bleuâtre de lune qui passaient par la fenêtre. Et pourtant, elle ne pouvait se tromper… Son visage était ancré dans son esprit. Elle crut d’abord à une hallucination. Puis à un rêve. Non, plutôt à un cauchemar. Les battements de son cœur s’accélérèrent brusquement. Ses paupières se refermaient et se rouvraient plus vite que la normal. Sa bouche était à moitié ouverte tant la surprise était totale, grande. Non, ce n’était pas possible. Ca ne pouvait pas l’être. Il était parti voilà maintenant plusieurs années. Presque 10 ans, à présent. Pourtant, il était bien là, debout devant elle, aussi ahuri qu’elle l’était. Elle sentit une larme couler le long de sa joue, sans qu’elle ne s’en aperçoive. Sans y faire attention, elle leva la main vers le jeune homme qui avait été pendant longtemps son meilleur ami. Son frère. Comme si elle s’était attendue à un mirage, elle fut étonnée lorsqu’elle toucha sa peau. Sa joue était plus maigre que dans ses souvenirs. Ses yeux, plus perçants. Milenia le fixait avidement. Elle n’avait pas cru ses oreilles. Elle n’avait pas cru ses yeux. Mais pouvait-elle ne pas croire en son sens du toucher ? Pourtant, Milenia descendit sa main qui longea l’arrête de la joue de Midnight. Elle le sentit frissonner. A son tour, elle frémit. Son regard d’un bleu marine était plongé dans le sien. Sans baisser la tête, elle murmura :

« Tu es revenu. »

Il était difficile de deviner les sentiments que portait sa voix. Elle-même n’aurait su le dire. La réalité était qu’elle ne réalisait pas ce qui lui arrivait en cet instant. Tout ceci paraissait tellement incertain, impossible.

La main ne Milenia longeait la joue de Midnight, allant de son oreille à son menton. Elle avait encore tellement de mal à revenir sur tête. Ses pensées se bousculaient sans cesse, dans son esprit complètement ailleurs. En ce moment, elle volait. Se croyant presque dans un rêve, elle profitait de cet instant avec lui pour se remémorer parfaitement ses trais plus dur que dans ses souvenirs. Elle ne voulait pas quitter la prunelle de ses yeux du regard. Elle avait cette étrange impression qu’il pouvait disparaître à tout instant, comme il avait disparu il y a presque 10 ans. Cette façon de la toucher de la main et de le regarder dans les yeux était une façon de la garder auprès d’elle. S’il était un rêve, elle voulait profiter de celui-ci jusqu’à ce qu’elle se réveillerait. S’il n’était qu’une simple hallucination, elle ferait en sorte de la garder intact le plus longtemps possible, et de, peut-être, le faire réapparaitre. Elle ne voulait jamais plus le voir s’en aller. Jamais.

Soudain, le mirage, le rêve, elle ne savait pas quoi, approcha sa main vers elle. Elle le regarda plus intensément que jamais, l’incitant à s’avancer jusqu’à la toucher. Elle voulait sentir la chaleur de sa peau contre sa joue. Elle voulait le sentir proche d’elle. Cependant, il s’arrêta à quelques centimètres de sa peau. Mia le supplia alors du regard. Impatiente, elle prit alors le risque de détacher sa propre main de son visage pour prendre sa main et l’amener à sa joue. Elle était plutôt froide, comme dans ses souvenirs, et cela fit sourire Milenia. Ce mirage était décidément bien fait. Etrangement, elle se sentait heureuse, légère. Toute sa colère, toutes ses inquiétudes s’envolèrent. Ses yeux n’avaient plus aucunes traces. Pendant quelques secondes, ils restèrent ainsi, à se regarder, à profiter de chaque seconde. En tout cas, de son côté. Mais c’est alors que…

« Mia… »

Ce n’était qu’un murmure. Un simple murmure, qui bouleversa Milenia. La vérité éclata dans l’esprit de la jeune fille. Elle prit conscience de son erreur ridicule. Midnight était nullement le fruit d’un mirage ou de son hallucination, et encore moins un rêve ou un cauchemar. Il était bien là, planté devant elle. L’expression si douce, si légère de la jeune fille s’envola, laissant place la froideur. Ses traits se durcirent, ses yeux aussi. Ses sourcils se froncèrent, et sa main retira lentement la main de Mid’ de sa joue. Lentement, elle recula et dévisagea le jeune garçon de haut en bas. Etait-ce vraiment possible ? Etait-il vraiment revenu ? Ses plaies se rouvrirent brusquement, ce qui déclencha un petit cri de la part de Mia. Ses yeux se remplirent à nouveau de larme. L’hébétude du garçon ne fit qu’agraver son état. Bientôt, elle se mit à taper du pied, comme une gosse à qui on venait de refuser une sucette. Elle essaya de se calmer. Elle essaya aussi de partir, de le laisser derrière elle. Quand elle se réveillerait, elle l’aurait oublié, et ne voudrait plus jamais refaire ces soit-disant mirages. Elle ne voulait plus le voir. Cependant, elle ne put. Une force invisible l’empêcha de s’enfuir. Elle resta donc plantée devant lui, les yeux en larme lançant des éclairs. Elle se décida alors à parler.

« Mid’ tu… Pourquoi es-tu revenu ? Qu’est-ce que tu fiches ici bordel ? Tu crois pas qu’être parti une fois, ça m’a suffit ? Mais qu’est-ce que tu veux, à la fin ? »

Milenia se pinça les lèvres. Elle parlait vite. Plus vite qu’elle ne l’aurait souhaité. Son ton également plus tranchant et plus violent qu’à son habitude. Il regorgeait de colère et de rancune. Sa voix partait tant tôt dans les graves, tant tôt dans les aigus, ce qui lui donnait un air stupide de petite fille en détresse. De plus, elle accentuait chaque parole de gestes amples et ridicules. Milenia s’énervait souvent, mais jamais de cette façon. Touts ses souvenirs étaient en train de remonter à la surface. Des choses qu’elle avait oublié depuis longtemps firent surface brusquement. C’en était trop pour la jeune, qui craquait. Elle ne s’y était pas préparée. Elle ne fit pas attention au jeune garçon et continua à déballer tout ce qu’elle avait sur la conscience.

« Je sais que tu n’en as plus rien à faire de moi, mais… tu n’avais pas le droit de partir ainsi ! Tu crois que j’ai cru à ton petit jeu ? Je sais que tu n’es pas parti à cause des parents. Je sais que je n’étais plus assez intéressante pour toi. Mais tout de même, tu… Je croyais que… Notre amitié était… Plus forte que… Ca »

A présent, la tristesse prit le dessus sur la colère. Milenia se cacha le visage dans sa main droite, la même qui lui avait servit à caresser la joue de Midnight. Tout cela avait été trop vite pour elle. Bien que ses pensées aient arrêtées de se bousculer dans son esprit, elle n’arrêtait pas de changer d’état d’être. Passant de la joie à la tristesse, de la tristesse à la colère, repassant ensuite par la tristesse… D’une seconde à l’autre, elle pouvait complètement changer de discours et d’idées. En ce moment, elle se sentait vulnérable comme jamais. Elle regrettait de lui avoir fait part de ce qu’elle pensait. Qu’allait-il faire, maintenant ? Elle pouvait s’attendre à tout. Il allait peut-être s’énervé. La traiter. Se moquer d’elle. Ou, pire, partir comme si de rien n’était. Quoi que, c’était peut-être ce qu’il y avait de mieux à faire. En Attendait, elle se résolvait à rester planter là et à laisser ses larmes couler entre ses doigts fragiles et fins.